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Nicolas Bernière Artiste-peintre
L'HOLOCAUSTE D'AMOUR PAR F. BAITINGER

Nicolas Bernière

L’holocauste d’amour

 

Mais l’holocauste d’amour de l’Agneau ne révélera le vrai visage du Père qu’« aux tout-petits », c’est-à-dire à ceux dont le cœur est assez désencombré, pour reconnaitre le don de Dieu là où le monde ne verra que scandale et folie ( Co 1, 23

)

Dans toute œuvre d’art authentique, le sujet n’a que peu d’importance s’il n’est pas investit par la singularité d’un style - par les marques d’une personnalité capable de voir en lui ce qui le transcende et le rend universel. C’est pourquoi, il serait vain de vouloir aborder l’œuvre de Nicolas Bernière par son contenu sans, dans le même temps, chercher à y desceller ce que cet artiste Polumetis a cherché à nous dire envers et contre l’apparent désordre de ses choix. Et si la force de cette œuvre se mesurait non pas – comme la tyrannie de l’art contemporain voudrait nous le faire croire – à sa cohérence, mais au nombre de ses métamorphoses.

 

Par Frédéric-Charles Baitinger

 

Tantôt graveur, tantôt dessinateur, tantôt peintre botaniste, le talent de Nicolas Bernière ne semble pas connaître de limites – sinon celles de sa sensibilité. Infatigable poète, cherchant toujours, comme Ovide, à faire sourdre de la réalité ses potentialités mythiques, ses peintures, tout comme ses dessins, peuvent toujours faire l’objet d’une double lecture – tout comme les fables peuvent toujours êtres perçues comme ayant un double dessein. 

 

Trouvant le plus souvent son inspiration dans les beautés de la nature (fleurs, insectes, rivières, fond marins), ses œuvres ne sont pourtant pas de simples reproductions. S’emparant des formes naturelles comme d’autres s’emparent des symboles pour en tirer des allégories, Nicolas Bernière ressuscite, dans sa peinture, l’ancienne pensée magique selon laquelle toute forme naturelle n’a de sens qu’à être rapportée à son pendant anthropomorphique. 

 

La chair noire de l’insecte, sise à même la torpeur minérale de la toile, nous renvoie aux parois de calcaire des grottes de Lascaux. Le bouillonnement de l’eau, frappant de son écume la roche, n’est pas, lui non plus, sans évoquer l’infortunée Cybèle, et peut-être plus encore, la nymphe Danaé recevant dans son sommeil le corps liquide de Zeus. Mais c’est dans sa série de peintures réalisées en l’honneur des Fleurs du Mal que la force poétique de Nicolas Bernière s’exprime avec le plus de simplicité.   

 

Que ce soit dans sa composition La flèche, ou bien encore, dans cette autre encore plus suggestive intitulée Fleur de Bouddha, Nicolas Bernière représente la figure du poète sous les traits d’un surhomme accroupis et comme ne sachant plus que faire de sa puissance. Dans l’une, c’est la flèche de cupidon qui a transformé son corps en pomme d’amour. Dans l’autre, c’est la simple beauté d’une fleur qui semble avoir fait de son corps de géant une cible d’amour pour les flèches aiguisées de la médisance. 

 

Mais dans un cas comme dans l’autre, une même relation semble unir la nature à l’homme. Et cette relation n’est pas celle de la maîtrise de la nature par l’homme, mais tout juste le contraire : sa charitable subordination aux forces qui le transcendent – son autosacrifice ; son holocauste d’amour.  

réalisation : Laurent Michon - aiditeur.com, 2007
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