L’initiation
L’œuvre de Nicolas Bernière se livre lentement. Dans ses peintures, l’œil se faufile par étapes à travers des entrelacs de corps, de branches, de vagues, avant de cerner ce qui est dit là de la souplesse indispensable à l’existence, du mystère nécessaire à la rêverie, de l’initiation vitale pour l’esprit.
Les bas-reliefs de l’artiste demandent eux aussi de la patience. Au premier coup d’œil, une forme emblématique s’impose. Arbre, cascade ou cœur, elle est, à mieux y regarder, constituée d’une myriade de modules. Sur chacun d’entre eux, le thème de l’œuvre est décliné ; ici, en couleurs subtiles, là, graphique et dynamique, ailleurs encore, tout en matières sensuelles.
Une image concerne le détail d’une articulation du motif, une autre, la texture de son ambiance, par exemple. Et tout cela clignote délicatement. Tout cela provoque d’étranges sensations, entraînant le spectateur dans un jeu infini d’allées et venues visuelles et aussi mentales ; lui rappelant combien toute perception procède par sélection et par combinaison.
Allégories de notre manière d’appréhender toute présence, de telles œuvres célèbrent l’inépuisable splendeur de tout détail, l’absolue majesté de tout ensemble, la nécessité de cerner celui-ci et d’observer celui-là pour identifier ce que l’on côtoie.
Chacune des parties qui constituent ces bas-reliefs est en fait une boîte, aimantée, aisée à détacher du support. En son sein, le spectateur peut découvrir, bien au chaud, quelques brindilles ramassées, un tout petit oiseau empaillé, ou encore, un nouveau dessin ; autant de particules accentuant l’étonnante mécanique poétique, allégorie de la révélation, imaginée par l’artiste.
Face à de tels événements, impossible de conserver le rythme endiablé de nos vies quotidiennes ! Invitation à la contemplation active, démonstration des surprises et des contentements auxquels elle mène, les œuvres de Nicolas Bernière nous apprennent à voir. Et, ce faisant, à savoir.
Françoise Monnin,
Paris, avril 2009.